pierre qui roule by Donald Westlake

Auteur:Donald Westlake [Westlake, Donald]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2012-01-05T05:00:00+00:00

Dans le bureau du commissaire, au premier étage, la tranquille soirée d'été s'était muée en chaos. Le commissaire était bien sûr déjà rentré chez lui. Les détenus à l'étage avaient reçu leur dîner, les patrouilles de nuit étaient parties, et l'officier de garde était en mode relax, vu le peu d'activité à cette heure de la journée. C'était ce qu'avait escompté Dortmunder. L'officier de garde, un lieutenant, parcourait les rapports d'enquêtes, à la recherche des détails sordides, lorsque des gens avaient fait irruption en courant dans son bureau.

Le premier n'était pas réellement entré en courant. Plutôt en marchant. C'était l'agent chargé du standard téléphonique, et il avait dit : « Chef, le téléphone est mort.

— Ah ? On ferait mieux d'appeler la compagnie du téléphone, pronto », avait répondu le lieutenant.

Il aimait beaucoup dire « pronto ». Ça lui donnait l'impression d'être Sean Connery. Il décrocha le téléphone pour appeler la compagnie, mais quand il colla le combiné à son oreille, il n'y avait pas la moindre tonalité.

Il se rendit compte que l'agent l'observait. « Oh, dit-il. Ah, oui. »

Il raccrocha.

Il fut tiré d'affaire, au moins momentanément, par l'agent responsable des transmissions radio, qui entra en trombe, l'air égaré :« Chef ! Quelqu'un brouille notre signal !

— Quoi ? »

Le lieutenant avait bien entendu les mots, mais il n'avait pas saisi leur sens.

« On ne peut pas émettre, dit l'agent. Et on ne peut pas recevoir non plus. Quelqu'un nous brouille. J'en suis sûr, parce qu'on utilisait un truc comme ça, dans le Pacifique Sud.

— Il y a quelque chose de cassé, dit le lieutenant. C'est tout. » Il était inquiet, mais il ne voulait le montrer à aucun prix. « Il y a quelque chose de cassé, c'est tout. »

Il y eut une explosion quelque part dans l'immeuble.

Le lieutenant failli perdre l'équilibre.

« Mon Dieu ! Qu'est-ce que c'était ?

— Une explosion, chef. »

Il y eut une autre explosion.

« Deux explosions, chef ! » dit l'agent.

Il y eut une troisième explosion.

Un agent arriva en courant et en criant : « Des bombes ! Dans la rue ! »

Le lieutenant fit un petit pas sur la droite, et un petit pas sur la gauche.

« La révolution ! bafouilla-t-il. C'est une révolution ! Ça commence toujours par les postes de police ! »

Un autre agent entra en criant : « Des gaz lacrymogènes dans les escaliers, chef ! Et l'escalier entre le troisième et le quatrième a sauté !

— Aux armes ! hurla le lieutenant. Appelez le gouverneur ! Appelez le maire ! » Il attrapa le téléphone : « Allô ! Allô ! Au secours ! »

Un autre agent débarqua, criant lui aussi: « Chef, il y a le feu dans la rue !

— Quoi'? Quoi ?

— Une bombe a fait sauter une voiture en stationnement. Ça brûle, dehors !

— Des bombes? Des bombes?» Le lieutenant regarda le combiné du téléphone, toujours dans sa main, et le jeta comme s'il l'avait mordu. « Prenez les fusils antiémeute ! hurla-t-il. Réunissez tout

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